Mimi mato
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Patrimoine - Marie-Hélène Sachet

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27072010

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Patrimoine - Marie-Hélène Sachet Empty Patrimoine - Marie-Hélène Sachet




Marie-Hélène Sachet

Cette nuit je le suis réveillé sur un drôle de rêve que, je pense, personne d'autre n'aurait pu faire :

J'étais à l'entrée d'une grotte au flanc d'un volcan actif mais non menaçant, entouré de noir, rouge, jaune, blanc, la lave en fusion de dehors et ses contrastes. Nous, je ne sais pas qui, étions en train d'explorer-découvrir cette entrée, sans aucune angoisse d'aucune sorte je précise, rien de menaçant pour nous, juste la curiosité de l'endroit.

Le sol et les parois étaient essentiellement dans le noir avec parfois quelques éclairages issus de la lumière du/des torrents de lave dehors et nos mori pata nous permettaient de voir que c'était découpé-tarabiscotté un peu comme celle du bain de la reine au Fenua Aihere ou des lavatubes du mont Mauru, etc., bref, un trou volcanique classique.


Il y avait pourtant dedans, près de l'entrée, une touffe de graminée, d'herbe. Elle avait des fleurs d'un blanc à peine verdâtre. Marie-Hélène Sachet m'a alors dit "Regarde ces fleurs : Elles sont comme celles de l'espèce habituelle, dehors, mais tu vois comme elles sont blanches, elles ?", sous-entendu que les autres ont des fleurs vertes comme la plupart des graminées (je précise aussi que je ne suis pas du tout botaniste)

Étrange, non ?
Un varua ino est passé à travers mon fare cette nuit ?

D'abord, qui était Marie-Hélène Sachet ?

C'est une personne que j'ai rencontrée une fois à Moorea alors que j'étais étudiant en fin d'études, il y a des années. Tiens, d'ailleurs, c'était l'année du cyclone Reva puisque c'est à peu près en même temps qu'il est passé sur Moorea, il y a 25-30 ans.

Marie-Hélène Sachet est morte en 1986.

Elle a passé une bonne partie de sa vie à collecter des plantes pour le Muséum d'Histoire Naturelle de Londres et, quand je l'ai rencontrée, elle était donc de passage à Moorea. Je me souviens que cette rencontre a eu lieu dans la salle d'accueil de la station biologique d'Opunohu une fin d'après-midi ensoleillée mais il est possible qu'elle se soit étalée sur plusieurs jours et aussi que la route de ceinture de Moorea n'était pas encore totalement goudronnée, la piste commençait peu après le Club Med' et rejoignait le goudron pas loin d'Afareaitu. Bref, c'est très bizarre, la mémoire.

Elle m'avait dit qu'elle travaillait avec Francis Fosberg, un nom qui ne me disait strictement rien, pour le compte du MNHN de Londres. Nous avions parlé de l'intérieur des îles, de là où les espèces endémiques sont encore les moins rares, du Miconia révélé par Veena, etc., et surtout de la magie de se promener dans le Tahiti le plus vierge.

Nous étions tous les deux fascinés par le plateau de Viriviriterai, tout au fond de la Vaiha, pk 44 Est de Tahiti, un plateau bordé de deux rangées de falaises où très peu de gens ont mis les pieds (et c'est tant mieux).

Comme j'avais l'intention d'y aller un jour, elle m'a dit que si j'avais l'extrême chance d'y croiser une fougère endémique dont le fruit se présente comme, euh, comment dire ? Un panier suspendu, vous voyez ces paniers faits pour accrocher les pots de fleur en hauteur ? Genre un crochet, une natte tressée qui se sépare en trois branches pour entourer le pot ? Ben, un truc comme ça, d'environ 20-30 cm au total il me semble qu'elle m'avait dit.

Elle me disait ne l'avoir vue qu'une seule fois dans sa vie, cette infructescence, et qu'elle aurait bien aimé la revoir parce que cette espèce n'avait jamais été décrite.

Elle me disait aussi qu'elle savait qu'elle n'avait aucune chance d'y retourner un jour à cause de son âge.

J'ai appris tout à l'heure qu'elle est morte deux ans plus tard.

Je suis bien monté sur le plateau de Viriviriterai peu de temps après. J'ai effectivement été ébloui - et je le suis encore - par cet endroit magique "un rien humide" mais déjà presque complètement bouffé par cette saloperie de Miconia à l'époque. J'ai bien vu des fougères courant le long de certains troncs sur les rares arbres n'étant pas des Miconias, j'ai vu des tas de petites choses magnifiques entre les moustiques et les gouttes de brouillard tombant des feuilles et des branches mais je n'ai pas vu le fruit dont m'a parlé Marie-Hélène Sachet ...


Je ne sais pas si j'aurai un jour l'occasion de retourner sur Viriviriterai. J'aimerai bien, je me souviens du passage mais c'est très long et difficile jusqu'au bout.

Ici, je passe l'info parce que, cette histoire, je pense être strictement le seul à la connaître aujourd'hui et elle est du patrimoine polynésien. Il ne faut pas la perdre, au cas où quelqu'un, un jour, croise cette fougère endémique très probablement éteinte à présent. Qui sait ?

Je te salue profondément et très respectueusement, Marie-Hélène.
J'aurais bien aimé passer un peu plus de temps à parler avec toi aujourd'hui.

Te aroha ia rahi.
Mimi mato
Mimi mato

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Date d'inscription : 21/04/2010

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