Jean-Max Brua - Les crabes-tambour
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24072010
Jean-Max Brua - Les crabes-tambour
Les Crabes-tambour
Jean-Max Brua - 1976
Marianne, l'enfant maigre et blonde
Avec ses yeux buveurs d'Orient.
Elle se dissimule dans les ondes
Du silence qui est si caressant.
Elle cherche les bonshommes de verre
Qui font des trous, parfois, dans la lumière.
La mer s'essouffle au soleil.
Il est bientôt midi.
Le sable sait la trace de ses pas
Comme l'écume fine chante à ses chevilles.
Elle s'enfuit là-bas, où les gens n'y vont pas,
Dans les rochers meurtris la mer se déshabille et se raconte.
Il est là comme toujours, il dessine la mer.
Elle crie "Si je veux, je te change en pomme de terre !
Ce serait une chouette idée sans en avoir l'air
Et je te donne à manger à mes bonshommes de verre !"
Il dit "Je n'en discuterai pas avec toi,
Tu as des pouvoirs secrets,
Ce serait dangereux pour moi."
Marianne s'accroupit au soleil.
Il est presque midi.
Elle dit "Tu sais, la mer c'est vraiment pas sérieux,
Avec toute son écume qu'est-ce qu'elle voudrait faire croire."
Il dit "Je pense comme toi, 'suffit d'ouvrir les yeux,
Je ne dis jamais autre chose,
Tout ça c'est des histoires qu'elle se raconte."
Il pense pas, il pense pas et c'est comme un tambour,
Les grands coups du sergent, comme des hoquets sourds.
"Tu vas parler, salope, où il est ton fellouze ?"
L'odeur d'huile des armes et la terre était rouge,
Le village désert et la femme s'est tue.
Et quand ils sont partis le soleil était nu.
Et quand ils sont partis le soleil était nu.
Il dit "Attends Marianne, regarde bien dans le fond,
Ce sont les crabes-tambour qui préparent la fête
Pour le poisson sans tête et la crevette pompon
Qui reviennent du Gabon." Elle dit "Tu te payes ma tête ?"
Il dit "Ecoute-moi bien, si tu regardes un peu, moi,
ça ne m'étonnerait pas que t'en voies un ou deux."
Marianne se penche au soleil.
Il est déjà midi.
Elle dit "Quelles drôles de bêtes,
Elles ne veulent pas qu'on les voit,
Elles sont tout juste comme toi."
Il dit "Déjà midi, ta maman va penser peut-être que tu te noies ?"
Elle dit "D'accord j'y vais, à cet après-midi ? Moi, je remonte."
Marianne, l'enfant maigre et blonde
Avec ses yeux buveurs d'Orient,
Enrobe le silence dans ses ondes
Et le soleil est nu, il écoute le vent.
Regarde pas sa main. Regarde plus la mer.
Il part avec l'odeur d'huile et de fer.
La mer se referme au soleil.
Il est toujours midi.
Jean-Max Brua - 1976
Marianne, l'enfant maigre et blonde
Avec ses yeux buveurs d'Orient.
Elle se dissimule dans les ondes
Du silence qui est si caressant.
Elle cherche les bonshommes de verre
Qui font des trous, parfois, dans la lumière.
La mer s'essouffle au soleil.
Il est bientôt midi.
Le sable sait la trace de ses pas
Comme l'écume fine chante à ses chevilles.
Elle s'enfuit là-bas, où les gens n'y vont pas,
Dans les rochers meurtris la mer se déshabille et se raconte.
Il est là comme toujours, il dessine la mer.
Elle crie "Si je veux, je te change en pomme de terre !
Ce serait une chouette idée sans en avoir l'air
Et je te donne à manger à mes bonshommes de verre !"
Il dit "Je n'en discuterai pas avec toi,
Tu as des pouvoirs secrets,
Ce serait dangereux pour moi."
Marianne s'accroupit au soleil.
Il est presque midi.
Elle dit "Tu sais, la mer c'est vraiment pas sérieux,
Avec toute son écume qu'est-ce qu'elle voudrait faire croire."
Il dit "Je pense comme toi, 'suffit d'ouvrir les yeux,
Je ne dis jamais autre chose,
Tout ça c'est des histoires qu'elle se raconte."
Il pense pas, il pense pas et c'est comme un tambour,
Les grands coups du sergent, comme des hoquets sourds.
"Tu vas parler, salope, où il est ton fellouze ?"
L'odeur d'huile des armes et la terre était rouge,
Le village désert et la femme s'est tue.
Et quand ils sont partis le soleil était nu.
Et quand ils sont partis le soleil était nu.
Il dit "Attends Marianne, regarde bien dans le fond,
Ce sont les crabes-tambour qui préparent la fête
Pour le poisson sans tête et la crevette pompon
Qui reviennent du Gabon." Elle dit "Tu te payes ma tête ?"
Il dit "Ecoute-moi bien, si tu regardes un peu, moi,
ça ne m'étonnerait pas que t'en voies un ou deux."
Marianne se penche au soleil.
Il est déjà midi.
Elle dit "Quelles drôles de bêtes,
Elles ne veulent pas qu'on les voit,
Elles sont tout juste comme toi."
Il dit "Déjà midi, ta maman va penser peut-être que tu te noies ?"
Elle dit "D'accord j'y vais, à cet après-midi ? Moi, je remonte."
Marianne, l'enfant maigre et blonde
Avec ses yeux buveurs d'Orient,
Enrobe le silence dans ses ondes
Et le soleil est nu, il écoute le vent.
Regarde pas sa main. Regarde plus la mer.
Il part avec l'odeur d'huile et de fer.
La mer se referme au soleil.
Il est toujours midi.
Mimi mato- Messages : 292
Date d'inscription : 21/04/2010
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